Avec la banalisation des objets connectés et la miniaturisation des technologies, il est aujourd’hui possible de détourner des outils du quotidien à moindre coût pour espionner, suivre ou enregistrer des personnes à leur insu. Ces pratiques sont au cœur de nombreuses formes de cyberviolences, notamment conjugales, mais aussi dans le cadre de captations d’images intimes non consenties (caméras dissimulées, micros-espions, traceurs GPS, Airtag…).

Le Hackerspace du PRCC est en train de concevoir une mallette pédagogique “Objets connectés malveillants”, un outil pour comprendre, détecter et documenter ces usages détournés, destiné dans un premier temps aux professionnel⋅les qui accompagnent des victimes∕survivant⋅es de cyberviolences.

La mallette devrait contenir une sélection d’objets connectés facilement accessibles, similaires à ceux que peuvent rencontrer les victimes/survivant·es de cyberviolences, ainsi que des dispositifs fabriquées par le hackerspace. Elle comprendra des fîches explicatives pour chaque dispositif et une documentation libre et réutilisable pour alimenter des actions de prévention ou de formation.

Cette mallette aura comme objectif de permettre aux professionnel⋅les de :

• Apprendre à les repérer et les identifier dans les environnements personnels ou professionnels

• Comprendre les logiques techniques et usages qui permettent leur détournement

• Soutenir les victimes/survivant⋅es confrontés à ces cyberviolences

Dans certaines situations, comme des cyberviolences impliquant l’usage d’objets connectés malveillants, ou l’installation de logiciels espions à l’insu d’une personne dans des violences conjugales, il peut être nécessaire de bloquer les communications sans fil. Disposer d’un outil simple permettant de neutraliser ces transmissions devient alors une réponse concrète et précieuse.

Au Hackerspace du PRCC, nous avons un projet de fabrication de cages de Faraday open source, accessibles et reproductibles par tout⋅es.

Une cage de Faraday est un dispositif qui permet de bloquer les ondes électromagnétiques (Wi-Fi, Bluetooth, GSM, etc.). En y plaçant un objet connecté, on empêche toute communication à distance. Cela peut être utile pour :

• éviter l’exfiltration d’informations, l’espionnage à distance

• neutraliser temporairement un appareil suspect, notamment dans les cas de cyberviolences (traceur GPS, micro espion, etc.).

• protéger des données sensibles contenues sur un téléphone ou un ordinateur

La démarche est :

• Open source : tous les plans, matériaux et étapes de fabrication sont librement partagés, afin que chacun·e puisse s’approprier et adapter l’outil selon ses besoins.

• Pédagogique : ce projet s’inscrit dans une volonté de sensibilisation collective aux enjeux de la sécurité numérique et des menaces invisibles liées aux objets connectés.

• Accessible : nous utilisons des matériaux simples, peu coûteux, disponibles localement, afin de faciliter la diffusion et la réappropriation de cette technologie par le plus grand nombre.

Dans le cadre de l’accompagnement social et juridique de victime/survivant⋅e de cyberviolences, il est parfois indispensable de consulter des contenus en ligne particulièrement violents. Ces consultations ne doivent se faire que dans un objectif précis : constitution de preuves, demande de suppression ou préparation d’un dépôt de plainte...

Or, cette exposition peut entraîner de graves conséquences psychologiques et physiques, aussi bien pour les professionnel·les que pour les personnes accompagnées. C’est pour répondre à cet enjeu que le Hackerspace du PRCC développe l’Ordinateur “Poubelle d’Internet” : un dispositif dédié à la consultation sécurisée de contenus sensibles.
Un outil pensé pour la protection et la transparence.

Cet ordinateur sera :

• Dédié uniquement à la tâche de consultation de contenus violents ou problématiques

• Construit à partir de matériel peu coûteux et accessible (type Raspberry Pi ou ordinateurs reconditionnés)

• Équipé de protections physiques, logicielles, visuelles et sonores, telles que par exemple :

• Un filtre noir et blanc pour atténuer l’impact visuel des images violentes

• Le blocage de la sortie audio casque pour empêcher une écoute immersive

• Un flouteur d'images

Une traçabilité de l’usage pour les associations hébergeant cet outil : temps de consultation, sites visités, identité de l’utilisat·eur·rice accessible à tout moment pour éviter les détournements.

Il embarquera également :

• Une boîte à outils OSINT (Open Source Intelligence) pour collecter des preuves en ligne, dans le respect des cadres légaux

• Un système de transfert sécurisé des contenus/preuves collectés, garantissant leur intégrité et la protection des données sensibles

Objectifs principaux :

• Protéger les professionnel·les et les victimes/survivant⋅es contre le traumatisme vicariant et les atteintes à leur identité numérique

• Garantir un usage strictement encadré et éthique, en offrant une visibilité complète à l’association utilisatrice

• Assurer une gestion transparente et sécurisée des données collectées

Une démarche open source et duplicable. L'ordinateur utilisera une distribution Linux.

La conception est documentée et ouverte : chaque association pourra reproduire ce dispositif avec peu de moyens, pour disposer en interne d’un outil fiable, sécurisé et éthique.

L'ordinateur devra être facilement utilisable pour des professionnel⋅les dont le numérique n'est pas leur métier.